Le London Standard fait parler les morts

par | 1 Oct 2024

Un critique d’art décédé signe une nouvelle critique ? C’est le pari audacieux du London Standard, comme le rapporte le Guardian. Le journal britannique publiera une critique d’art générée par intelligence artificielle (IA) et attribuée à Brian Sewell, célèbre critique décédé en 2015. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un numéro spécial consacré à l’IA et au rôle de Londres comme hub technologique.

« Le London Standard est un nouveau média audacieux et disruptif, » a déclaré Paul Kanareck au Guardian. « Il comprendra une critique expérimentale générée par IA de notre légendaire chroniqueur Brian Sewell, et sa succession en est ravie. »

Un style incisif ressuscité. Brian Sewell, figure emblématique de la critique d’art britannique, était connu pour son style tranchant et ses opinions controversées. Il avait rejoint l’Evening Standard en 1984, remportant de nombreux prix pour son travail. Bien que le journal n’ait pas révélé les détails techniques de cette recréation, il est probable que des systèmes d’IA avancés aient été utilisés pour analyser et reproduire le style distinctif de Sewell. La critique porterait sur la nouvelle exposition Van Gogh à la National Gallery de Londres, récemment saluée par le Guardian avec une note de cinq étoiles.

L’IA, nouvelle muse du journalisme ?

Débat éthique en vue. Paul Kanareck, directeur général par intérim du Standard, a déclaré que cette expérience visait à « provoquer une discussion sur l’IA et le journalisme ». En effet, l’émergence d’outils d’IA puissants comme ChatGPT soulève de nombreuses questions sur l’avenir du journalisme. Ces technologies impressionnent par leur capacité rédactionnelle, laissant entrevoir un potentiel remplacement de certaines tâches humaines. 

Comme l’explique le Guardian, ces outils d’IA « ont impressionné par leur capacité rédactionnelle – et donc leur potentiel à remplacer le travail normalement effectué par des humains – mais sont également sujets à des erreurs factuelles connues sous le nom d’hallucinations ».

Un exemple récent illustre les risques de cette approche : en mai dernier, la famille de Michael Schumacher a remporté un procès contre un magazine allemand qui avait publié une fausse interview du champion de Formule 1 générée par IA.

Éthique et mémoire en jeu. L’utilisation de l’IA pour recréer des personnes décédées soulève des questions éthiques et juridiques complexes. Si le London Standard a obtenu l’approbation de la succession de Sewell pour cette expérience, d’autres cas ont été plus controversés. Des produits commerciaux proposant des chatbots ou des voix synthétiques imitant des personnes décédées ont été critiqués pour encourager un « refus de faire son deuil ».

Visuel généré via IA par Arnaud Templier